Afin de mieux faire connaître cet outil hors normes qu'est Batiproduits, nous sommes allés interviewer Jacques LOUPIAS, Directeur Délégué. Il nous a reçus pendant plus de 2 heures en nous expliquant en détail le fonctionnement, les conditions d'accès pour les fournisseurs, la concurrence, les projets d'avenir.
Voici un condensé (!?)de cet entretien. Pour les lecteurs pressés, vous trouverez un accès direct vers les différents thèmes évoqués.
CIMBAT : Jacques LOUPIAS, bonjour. Pouvez-vous dans un 1er temps nous expliquer l'origine de Batiproduits ?
J. LOUPIAS : Le projet est né il y a 4 ans, à un moment où Vivendi, notre actionnaire principal d'alors, souhaitait s'engager dans les nouveaux médias. C'était l'époque du «tout Internet»… Il nous a fallu un an de préparation-réflexion et deux ans de développement. A noter que, pendant ces deux ans, tous les chantiers ont été menés de front : développement informatique, référencement rédactionnel et, la dernière année, prévente. Le site est aujourd'hui ouvert depuis 1 an.
CIMBAT : Vous faites référence à la grande vague du tout Internet d'il y a quatre ans. Depuis la «Bulle Internet» a sérieusement explosé. Qu'est-ce qui vous permet d'être confiant quant à la pérennité de Batiproduits ?
J. LOUPIAS : Comme je viens de le dire, notre appartenance au Groupe Moniteur. Ce qui n'empêche pas que Batiproduits a été mûrement réfléchi. Je passe sur les études d'audience, les études de marché, les simulations financières… et parfois les discussions animées qui ont émaillé la gestation du projet. Jusqu'à 50 personnes ont travaillé sur ce projet (NDLR : 20 aujourd'hui). Elles n'ont compté ni leur temps, ni leur peine. Nous étions peut-être partis plus tard que certains, mais cela nous a permis de ne pas reproduire des erreurs qui se sont montrées fatales à d'autres.
CIMBAT : Par exemple ?
"Trop de projets de portails ont vu le jour avec une enveloppe technique de haut niveau mais un contenu vide."
J. LOUPIAS : De nombreux projets étaient basés sur des technologies très sophistiquées et très coûteuses, leurs responsables étant persuadés que les clients se bousculeraient ensuite pour être référencés sur leurs sites. C'était la grande époque des market-places, de l'e-commerce, etc. Cette erreur d'appréciation du marché leur a été souvent funeste : l'internaute a horreur du vide ! Il fallait donc, dès l'ouverture de Batiproduits, et même si nous n'avions aucun «client», offrir un contenu suffisamment riche pour satisfaire les attentes de nos visiteurs. Si nous avions des visiteurs, nous intéresserions forcément, un jour ou l'autre, le marché. Batiproduits a donc ouvert avec plusieurs centaines de fabricants et plusieurs milliers de produits en ligne.
CIMBAT : Venons-en aux détails de votre offre. Que proposez-vous aux visiteurs du site ?
J. LOUPIAS : Nous sommes partis d'un certain nombre de postulats qui ont conditionné toute l'offre de Batiproduits. Les professionnels (maîtres d'ouvrages, architectes, bureaux d'études, entreprises, etc.) n'ont jamais payé pour avoir de l'information produit. Par ailleurs ils recherchent des produits avant de chercher une marque. Enfin, ils sont pressés, et ce d'autant plus qu'ils sont sur le web.
Notre ambition est donc de référencer de façon rigoureuse le maximum de produits, de les mettre à la disposition des professionnels, et de proposer aux fabricants de mettre en ligne leurs documentations techniques derrière ces produits. Évidemment, Batiproduits est entièrement en accès libre pour les visiteurs, les fabricants payant pour la mise en ligne d'informations supplémentaires derrière des icones.
Les professionnels se trouvent donc devant une immense armoire à documentation (1 100 fabricants référencés à ce jour) dans laquelle ils peuvent effectuer plusieurs types de recherches, qu'il s'agisse de trouver un produit (par types de bâtiment, corps d'état, nom d'un produit, produits similaires) ou un fabricant (par nom ou secteur d'activité).
Il a la possibilité d'affiner sa recherche en fonction de critères précis, y compris des critères de prix. Mais nous avons été soucieux de ne pas reproduire l'exemple des moteurs de recherches classiques qui trop souvent affichent le message rédhibitoire : « il y a 0 réponse ». Lors des tris, le visiteur peut cocher autant de critères qu'il veut. Mais, alors que les moteurs fonctionnent par « filtres » successifs (d'où le 0 réponse), Batiproduits réorganise la liste des produits en base : si aucun produit ne répond aux N critères initiaux, nous affichons les produits répondant à N-1, puis N-2… critères. Ce qui fait que la requête aboutit toujours sur des réponses.
Parmi les autres services, il faut également signaler la possibilité de créer des armoires à documentations, d'y archiver des produits sélectionnés, ou d'envoyer automatiquement une demande de documentation au fabricant, etc.
Enfin, toute l'architecture de Batiproduits est conçue pour que le visiteur arrive à l'information voulue en un minimum de clics. Contrairement à beaucoup de sites, nous ne cherchons pas à multiplier les «pages vues», mais au contraire à les diminuer au profit d'une efficacité maximale.
CIMBAT : Vu la multiplicité des critères afférant aux différents produits de la construction, ça n'a pas dû être une partie de plaisir pour vous, concepteurs ?
J. LOUPIAS : Certes non ! D'autant qu'ils devaient être compréhensibles par tous, spécialistes ou non. C'est pourquoi nous avons privilégié, pour certains critères, non pas les valeurs réelles mais des niveaux de performance par intervalles.
CIMBAT : Un exemple ?
J. LOUPIAS : Prenons un critère sensible : le prix. Au lieu de proposer des valeurs précises au visiteur, nous lui proposons trois critères de prix : économique (€), moyen de gamme (€€) ou haut de gamme (€€€). Ces critères sont attribués lors du référencement du produit. En revanche, le prix catalogue figure dans les caractéristiques de chaque produit.
CIMBAT : Quelle profondeur d'informations et quels services le visiteur va-t-il trouver pour chaque produit ?
J. LOUPIAS : Dans tous les cas, il trouve une description succincte du produit et les coordonnées du fabricant. Le visiteur peut le mettre dans son armoire à documentation, l'imprimer, ou contacter directement le fournisseur.
Lorsque le fabricant l'a décidé (service payant), il trouve en outre des informations mises en ligne par celui-ci au travers d'icones :
· Documentation technique,
· Schémas techniques (souvent téléchargeables)
· Nuanciers
· Logiciels téléchargeables,
· Mise en œuvre
· Formations assurées par le fabricant
· Exemples de réalisations
· Coordonnées complètes du fabricant, avec parfois ses correspondants régionaux.
CIMBAT : Parlons maintenant des fabricants référencés. Qui peut présenter ses produits sur Batiproduits.com ?
J. LOUPIAS : Sont référençables tous les fabricants commercialisant leurs produits sur le marché français, soit en direct, soit par l'intermédiaire de représentations commerciales.
CIMBAT : Et, bien sûr, c'est forcément payant ?
J. LOUPIAS : Non pour ce qui concerne le réferencement éditorial. Oui pour les pages mises en ligne derrière les icones. Dans l'absolu, tous les fabricants peuvent rentrer sur Batiproduits. Mais compte tenu de notre succès, nous privilégions les clients. Nous sélectionnons ensuite ceux qui présentent des produits particulièrement intéressants ou qui rentrent dans des catégories sur lesquelles nous sommes encore un peu faibles.
Plus un produit dispose d'icones actifs (et donc d'informations mises en ligne par le fabricant), meilleure est sa visibilité. Il est en effet affiché en tête des résultats lors de la requête du visiteur. Il faut bien comprendre que les requêtes génèrent de plus en plus de résultats. L'internaute étant toujours pressé, ce sont donc les premières pages, et donc les produits les plus complets qu'il privilégie (NDLR : Batiproduits applique en fait le «ranking view», paiement au positionnement. Compte tenu du nombre croissant de sites indexés dans ces moteurs, cette pratique tend à se généraliser de plus en plus sur les annuaires et moteurs généralistes par l'intermédiaire des sociétés comme E-Spotting et Overture).
"Plus un produit dispose d'informations complémentaires, meilleure sera sa visibilité !"
CIMBAT : D'autres services pour les «clients» ?
J. LOUPIAS : Oui, l'accès à un extranet. Tout fabricant référencé dispose d'un accès à des statistiques générales en matière d'audience. Dès qu'il est client, il bénéficie de statistiques personnalisées et extrêmement détaillées sur ses produits (consultation produit par produit, jour par jour, etc.) ainsi que les coordonnées des visiteurs l'ayant contacté. L'outil mis à la disposition de nos clients est incroyablement précis quant à l'audience de ses produits… et, sauf quelques exceptions, confirme de façon évidente que plus un produit dispose d'informations (donc d'icones), plus il est consulté.
CIMBAT : Le coût ?
J. LOUPIAS : Le panier moyen est d'environ 7 000 €/an. Mais certains clients n'ont pas hésité à investir jusqu'à 80 000 € pour avoir une visibilité à la hauteur de leurs souhaits.
CIMBAT : Quel contrôle avez-vous sur l'information mise en ligne ?
J. LOUPIAS : Les rédacteurs de Batiproduits sont des professionnels du bâtiment : architectes et ingénieurs. (NDLR : avant Batiproduits, Jacques LOUPIAS a exercé la profession d'architecte pendant 15 ans puis de Rédacteur en chef des Cahiers Techniques du Bâtiment) . Ce qui veut dire que nous avons l'expertise technique nécessaire pour garantir l'égalité de traitement de tous les fabricants.
En ce qui concerne les informations mises en ligne derrière les icones par le fabricant, ce dernier est entièrement libre de choisir ce qu'il veut… au même titre que dans sa documentation papier.
CIMBAT : En pratique, on sait qu'un des obstacles majeurs à la création d'une bibliothèque de matériaux est l'information demandée au fournisseur. Quel travail préparatoire lui imposez-vous ?
J. LOUPIAS : Nous ne demandons au fabricant que la documentation traditionnellement remise aux prescripteurs. Après avoir établi la liste des produits, le service éditorial rédige… et adresse ensuite un dossier au fabricant pour qu'il lui fasse part de ses observations. Cela a le double mérite d'éviter un travail pénible aux fabricants et de maîtriser l'information mise en ligne.
Pour les pages mises en ligne derrière les icones, plusieurs possibilités : soit le fabricant nous adresse ses pages, soit nous les lui fabriquons. Dans ce dernier cas, il y a évidemment un «Bon à publier». De plus, il a le droit de modifier gratuitement 10% des pages mises en ligne dans l'année qui suit.
CIMBAT : Aujourd'hui, quel délai faut-il à un client pour rentrer dans votre base documentaire ?
J. LOUPIAS : A partir du moment ou son dossier est complet, il faut compter 9 semaines.
CIMBAT : A peu de choses près, vous fêtez votre 1er anniversaire. Quel taux de défection avez-vous ?
J. LOUPIAS : Nous n'avons pas encore tous les éléments pour juger, d'autant que nos clients ont majoritairement opté pour des abonnements de trois ans. Mais à ce jour nous avoisinons 90% de confirmations.
CIMBAT : C'est plutôt bon, non ?
J. LOUPIAS : Effectivement, nous sommes très satisfaits. Dans nos prévisions, nous avions tablé sur un renouvellement de 70 à 75 %. Nous sommes donc au-dessus. Ce taux est d'autant plus satisfaisant que les défections sont souvent dues à des raisons extérieures, comme des cessations d'activité.
CIMBAT : Quelques chiffres à nous donner ?
"Batiproduits est aujourd'hui, le 1er portail bâtiment en France en nombre de visites"
J. LOUPIAS : Tout frais, ceux du mois d'octobre :
· 106 144 visites,
· 2 300 000 produits consultés, soit 879 691 pages vues…. même si ce chiffre n'a que peu d'intérêt, compte tenu du fait que nous cherchons à limiter au maximum le nombre de clics pour trouver une réponse,
· 28 700 consultations du contenu mis en ligne par les fabricants (icones),
· 4 200 demandes de documentations.
Depuis janvier, nous avons comptabilisé plus de 9 000 inscrits et la création de 10 000 armoires à documentations. Si l'on compare notre audience à celle de sites comme Batiweb, nous sommes le 1er site produits du bâtiment.
CIMBAT : Sauf que Batiweb fait certifier sa fréquentation par le Bureau de Contrôle des Supports Internet et Multimédia de l'OJD.
J. LOUPIAS : C'est exact. Il faut savoir que, sur Internet, l'OJD ne certifie que les visites. En octobre, Batiweb a été crédité de 49 648 visites par l'OJD. Pour ses statistiques, Batiproduits utilise « eStat », un logiciel agréé par l'OJD. Le chiffre qu'eStat nous fourni, qui sera bientôt certifié par l'OJD, peut donc être comparé.
CIMBAT : Pour continuer sur Batiweb… Estimez-vous avoir de la concurrence ?
J. LOUPIAS : Il est sain d'en avoir ou, tout au moins, de toujours considérer qu'on en a ! Mais, à ce jour, Batiproduits est unique en France. Certains sites comme Batiweb ou Interbat jouissent d'une bonne fréquentation et d'un contenu riche… Mais, en matière de produits, ce sont plutôt des annuaires fabricants que de véritables bases de données produits. Ils sont donc souvent moins pertinents que nous dans leurs réponses.
CIMBAT : On peut reprocher à Batiproduits une certaine lenteur. En avez-vous conscience ?
J. LOUPIAS : Sur internet, c'est toujours trop lent ! L'utilisateur veut tout et tout de suite. Votre remarque est, et sera, de moins en moins vraie. Il ne faut pas oublier que le site a juste un an et a dû se roder, que notre audience est en très forte croissance (+140% sur les trois derniers mois), et que nos choix technologiques (NDLR : JSP sur bases Oracle) sont assez contraignants : Batiproduits sert à la fois à produire et diffuser l'information. Afin de garantir l'intégrité des informations mises en ligne, nous n'avons pas souhaité « dénormaliser » notre base. Ce qui pour les opérations complexes (tris, recherches de produits similaires) peut ralentir l'affichage. Mais nous avons déjà beaucoup progressé, et nous allons continuer à le faire.
CIMBAT : Enfin, à combien estimez-vous les investissements sur Batiproduits ?
J. LOUPIAS : Environ 10 Millions d'Euros, soit plus de 65 Millions de Francs.
CIMBAT : Et le retour sur investissement pour un projet aussi important ?
J. LOUPIAS : Nous avons la chance d'appartenir au plus grand groupe de presse construction en France : un programme de ce type ne peut se concevoir que dans la durée, et le Groupe Moniteur l'a bien compris. Cela ne veut pas dire que Batiproduits ne se soucie pas de rentabilité, mais les interactions entre toutes les composantes de l'offre Moniteur sont suffisamment stratégiques pour que Batiproduits ne soit pas considéré comme un simple centre de profits.
CIMBAT : Pour terminer cette interview, quels sont les projets de Batiproduits ? Avez-vous des vues sur l'Europe par exemple ?
J. LOUPIAS : Notre objectif immédiat est d'améliorer l'interactivité entre Batiproduits et les revues du Groupe Moniteur… En 2003, nous allons créer un véritable Service Information Produits qui prendra en charge la rédaction des nouveaux produits publiés dans les revues construction du Groupe Moniteur. Ce travail a déjà commencé pour le Moniteur hebdo depuis quelques semaines. C'est le modèle Batiproduits qui sera la référence, et tous les produits publiés seront mis en ligne sur Batiproduits. Parallèlement, les demandes de documentation faites aux fabricants seront compilées sur un outil unique, qu'elles émanent de Batiproduits ou des revues. Le Groupe Moniteur sera alors à même de proposer un véritable service global aux utilisateurs et aux fabricants. Sachant que notre Groupe représente plus de 70% de l'audience auprès des professionnels du bâtiment, nous pensons pouvoir apporter une visibilité sans égale aux fabricants, qu'il s'agisse d'Internet ou du papier.
Évidemment, nous allons encore améliorer l'information disponible pour les visiteurs... Mais vous pourrez le constater dans quelques mois.
CIMBAT : Et nous en reparlerons. Monsieur LOUPIAS, merci.