Même si les banques s’en défendent, emprunteurs et agents immobiliers sont formels : la hausse des taux et le durcissement des critères d’octroi rendent plus difficile que jamais l’obtention d’un crédit.
Malgré l’insistance du président de la République aux banques de faire leur travail : prêter, malgré ce qu’elles prétendent sur leur accord et leur taux prêt en progression ainsi que celui de refus en baisse, le volume des crédits décroît depuis deux ans. Exemple concret : Igor et Sarah Ionnikoff, un jeune couple, avaient, début septembre, trouvé l’appartement de leur rêve : un 58 m² à Charenton-le-Pont, vendu 302 000 euros. Sitôt le compromis signé, ils foncent à leur banque, BNP Parisbas. Leur dossier semble solide : Igor, 30ans, kinésithérapeute, Sarah, 29 ans, travaille en CDD en fonction publique. Ils disposent de près 5000 euros nets par mois. Et leur rapport personnel est de 150 000 euros, soit 50% du prix du bien. Mais leur banquier les retoque. La faille ? La profession libérale d’Igor et sa trop récente installation dans l’Est parisien. Il y a quelques mois, le prêt aurait été accordé, a reconnu un des courtiers. Peu à peu, le robinet se ferme.
C’est la vérité, les spécialistes constatent une situation tendue entre les banques et les emprunteurs. « Tout le monde sent que les banques sont devenues plus sévères » d’après Philippe Taboret, directeur du courtier Cafpi. Ce que confirme Eric Cauchy, agent immobilier dans la région de Compiègne : « La situation s’est beaucoup tendue depuis août. La semaine dernière, deux de mes clients ont essyé un refus de la part des banques sur des dossiers qui seraient passés sans problème au début de l’année ». Comment alors expliquer le décalage entre le réel et le ressenti ?
La première raison tient à la hausse des taux d’intérêt : « Les taux des prêts à quinze ans sont passées de 5,10% en moyenne en septembre à 5,30% en octobre » constate Geoffroy Bragadir, fondateur d’Empruntis.com. Cette hausse a exclu 21% des ménages entre 2005, où ils étaient plus bas.
La seconde explication, plus subjective, tient au net durcissement des conditions d’octroi. Ainsi, les établissements, comme le Crédit mutuel et les Banques populaires, toléraient plus de 33% de taux d’endettement sont devenus bien plus stricts, abaissant la barre à 30% voir à 29%.
Les durées d’emprunt ont également été revues à la baisse. Elles sont tombées à environ vingt ans depuis septembre alors que 25 ans semblaient être devenus la norme depuis quelques années. Certes, il y a encore des banques qui prêtent avec une durée de quarantaine d’années, mais avec quel taux ? Voilà un obstacle de plus pour les primo-accédants.
Autres éléments : le montant de l’apport personnel. Comme le montre le tableau, tous les établissements en question ont relevé leurs exigences en demandant de 20 à 30% de mise personnelle de départ. La grande majorité des banques a durci ces deux critères (endettement et apport personnel) en même temps. En plus, d’après Christophe Cremer, de MeilleursTaux.com, les banques regardent de plus en plus ce que l’on appelle le reste à vivre, c'est-à-dire c qui reste aux ménages une fois la mensualité remboursée.
Bref, les conditions de prêt plus strictes avec des exigences multiples, étude de près la vie des emprunteurs, …
Paradoxalement, les associations des consommateurs sont plutôt reconnaissantes aux banques de leur frilosité. D’après elles, cela évitera à des gens financièrement fragiles de basculer au premier accident de la vie. L’emprunteur français ne court pas le risque de devenir un subprime comme l’acheteur américain. Son seul risque, c’est de rester locataire contre son gré.